Les clubs européens, notamment anglais, menacent de ne pas libérer leurs joueurs pour la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) prévue au Cameroun du 9 janvier au 6 février 2022. Ils formulent, dans leur lettre adressée à la FIFA, des inquiétudes sur le protocole sanitaire de l’épreuve sur fond de pandémie de Covid-19.
FOOTBALL – « À notre connaissance, la Confédération africaine de football n’a pas encore rendu public un protocole médical et opérationnel adapté pour le tournoi de la CAN, en l’absence duquel les clubs ne seront pas en mesure de libérer leurs joueurs pour le tournoi », peut-on lire dans ce courrier électronique adressé à l’organisation faîtière. Lequel fait planer des rumeurs d’une possible annulation du plus grand événement footballistique africain.
Des arguments qui ne tiennent pas, selon Babacar Ndaw Faye, Rédacteur en Chef du groupe EMEDIA Invest, et Responsable des Sports et du Digital. Le journaliste évoque un autre dessein, celui portant sur la mise à mort de cette compétition. « C’est clair que pour eux tous les moyens sont bons pour mettre la pression sur la CAF (Confédération africaine de football). » Pour faire échouer cette tentative, « il appartient aux Africains (dirigeants, joueurs, médias…) de savoir se faire respecter », souligne-t-il. Ainsi, il ajoute que « pour les médias, cela commence par refuser de reprendre aveuglément le traitement de cette histoire fait par les médias occidentaux ! Déjà, les clubs européens mentent en évoquant le protocole Covid. Le Cameroun a bien dévoilé un dispositif spécial et ce n’est pas aux clubs européens d’en juger la pertinence. »
Entre autres dispositions prises, le pass sanitaire est instauré par les autorités camerounaises, qui garantissent qu’aucun billet ne sera vendu sans test négatif.
« Le Cameroun a bel et bien proposé un dispositif anti COVID 19 durant la CAN »
« Ce plan avait été testé à un degré moindre lors du match Cameroun-Côte d’Ivoire de la 6eme journée des éliminatoires de la CM 2022, relève-t-il, par ailleurs. Hier, je disais sur Twitter que toute l’Afrique a intérêt à ce que cette CAN soit une grande réussite. Sinon, ce sera le premier pas vers la tombe où l’attendent plusieurs fossoyeurs qui ont pour noms : Coupe Arabe, Mondial tous les 2ans, Mondial des Clubs. »
Dans ce sillage, confirme Mansour Loum, le Rédacteur en chef chez Sport News Africa, la riposte doit être à la hauteur de la pression mise sur les dirigeants africains. Car, prévient le confrère, les clubs européens sont prêts à prendre le risque d’être sanctionnés par la FIFA. « Déjà, ce qu’il faut savoir, c’est que depuis le début, les clubs européens ont toujours été contre cette CAN en janvier. Ça, c’est un fait. Tout le monde le sait même si cette édition est particulière, après la CAN se tiendra en juin, motive-t-il, sur iRadio. Ça, c’est la première chose. »
Ensuite, appuie-t-il : « les clubs pensaient que cette édition n’aurait pas lieu. C’est pour ça que durant tout ce temps, ils n’ont pas fait pression. Sauf que là, ils se rendent compte qu’on est quasiment à trois semaines de la CAN et qu’elle va vraiment avoir lieu. Du coup, avec ce communiqué qu’ils lancent, c’est leur moyen de faire pression sur les joueurs, sur la FIFA et sur la CAF, pour leur dire que si ‘’nous on retient les meilleurs joueurs, votre compétition, elle, ne va pas être regardée’’. Ce sera comme une sorte de CHAN bis. Il y aura moins de saveur, beaucoup moins d’importante et de répercussions. Quelque part, c’est la CAF et la CAN qui vont en souffrir le plus. C’est pour cela que les clubs font pression. Maintenant, est-ce que ce sera suffisant ? Personnellement, je ne pense pas parce que si on se souvient bien, en mars 2021, ces mêmes clubs européens avaient aussi fait pression pour ne pas libérer les joueurs pour les besoins des éliminatoires. Pourtant, les fédérations africaines s’étaient unies et rassemblées derrière la CAF pour faire pression à leur tour, pour faire valoir leurs droits, auprès de la FIFA. Parce qu’il ne faut pas oublier une chose, la CAN est inscrite dans le calendrier de la FIFA. Les joueurs doivent être obligatoirement libérés par les clubs. A partir du moment où les clubs prendraient le risque de ne pas (les) libérer, parce qu’en plus ils vont vraiment prendre ce risque et il y a peut-être mêmes des menaces qui vont être faites à certains joueurs, ils s’exposent quelque part à des sanctions de la part de la FIFA. »
“L’Afrique se porte mieux que l’Europe face au covid”
Sega Diallo, le vice-président de la Fédération guinéenne de football, pointe également du doigt les méthodes des clubs concernés, qui dénonce-t-il, « font preuve d’un certain amateurisme et de beaucoup de mépris à l’égard du continent. » Surtout, ajoute-t-il, réagissant dans les colonnes de L’Équipe, « ils se décrédibilisent quand on voit l’évolution de la maladie dans le monde. L’Afrique se porte bien mieux que l’Europe face à cette pandémie. »
Fort de ce fait, il affirme être en pleine préparation des joutes continentales, minimisant les rumeurs d’une possible annulation de la compétition. « J’ai la chance d’avoir pris mes fonctions récemment et j’ai eu hier (lundi), via visioconférence, Veron Mosengo, le patron du foot africain (secrétaire général de la CAF) depuis Yaoundé. On a fait le point sur les décisions de notre Fédération dans le cadre de la préparation de la CAN. Et il est justement là-bas pour gérer les derniers détails et tout mettre en place pour le début. Il n’y a aucune crainte à avoir sur la tenue de la CAN, elle aura bien lieu. Les 24 qualifiés seront présents le 9 pour démarrer cette sublime compétition ».
Maderpost / Emedia