TRIBUNE – Aucun pays ne s’est développé en faisant l’impasse sur les chemins de fer. L’inauguration du Train Express Régional (TER) par le Président Macky Sall, le lundi 14 janvier 2019, vient ponctuer un travail titanesque accompli en deux ans. Pour avoir dirigé les cheminots dans un contexte difficile et réussi, ensemble, à réaliser en 1987 le Petit Train Bleu, essentiellement construit par ces grands travailleurs à partir de la récupération de ferraille, je fais partie de ceux qui applaudissent le choix du Président Macky Sall d’inscrire ce projet d’envergure dans le processus de l’émergence de notre pays. Certes, beaucoup s’arrêteront sur le coût du TER, sa distance couverte sur deux voies de 55 km chacune, déduiront qu’un tel investissement ne s’imposait pas. Mais, convenons aussi que ces voix qui s’élèvent contre le projet relèvent d’un débat temporel. Nous sommes au début d’une grande aventure ferroviaire. Après Diamniadio, d’autres villes en voudront. Le TER à voie standard et électrique sera la locomotive, un puissant catalyseur de la modernité, du développement de notre réseau ferroviaire, une étape historique pour notre pays et même pour l’Afrique. Il n’a pas de prix. Aucun pays ne s’est développé en faisant l’impasse sur les chemins de fer. Telle est ma conviction. DSL, la première ligne ferroviaire en Afrique de l’Ouest DSL, Dakar-Saint Louis, la première ligne ferroviaire de l’Afrique occidentale française inaugurée en 1885, a eu des impacts positifs sur le plan commercial et pour l’intérêt politique. Il est évident que la rénovation de cette ligne, la mémoire de nos réseaux ferroviaires, s’impose pour l’exploitation de nos richesses minières dont une partie non négligeable se trouve dans le Nord, pour la dimension stratégique sur laquelle je ne m’attarderai pas. De même pour la consolidation de l’ancêtre du TER, le Petit Train Bleu, le train de banlieue en Afrique de l’Ouest. Parmi les premiers pays africains pourvus de réseaux ferrés, le Sénégal a raté des étapes et opportunités importantes pour un développement inclusif rapide et certain. Il semble qu’elles se manifestent à nouveau. Il serait dommage de rater non pas le train de l’histoire, parce qu’il est déjà passé, mais celui de l’avenir. Et pour ce faire, il nous faut convoquer l’histoire, notamment l’éclatement de la Fédération du Mali, le 20 août 1960, et ses impacts parmi lesquels celui qui arrête, pendant deux ans, le trafic ferroviaire entre les capitales malienne et sénégalaise. Mesurer l’importance que le train avait pour nos infrastructures portuaires et notre économie dont le Mali dépendait pour 95%. Fin politique, surveillant de près la relation entre le Mali et le Sénégal, le Président Houphouët Boigny, va se saisir de l’occasion pour construire la route Abidjan-Bamako et créer le Conseil de l’Entente en vue de fragiliser l’axe Dakar-Bamako, et isoler notre capitale, et son port, qui faisaient beaucoup d’ombre à Abidjan. L’arrêt momentané de la ligne de train Dakar-Bamako mettra en évidence non seulement l’appétit ivoirien et son ambition de se positionner par rapport au Sénégal, mais encore les termes clairs d’une géostratégie naissante entre pays nouvellement indépendants. L’accélération de la réhabilitation annoncée de l’axe Dakar-Bamako est donc un impératif pour le développement commun de nos deux nations. Dakar-Niger et les lingots d’or français Une des plus belles et florissantes entreprises de l’époque coloniale, la ligne Dakar-Niger (DN), va jouer un rôle crucial durant la deuxième guerre mondiale, en acheminant en catastrophe à Kayes, au Mali, 1500 tonnes de réserve d’or des banques françaises. Le DN, véritable Colonne vertébrale de l’amitié sénégalo-malienne, exprime alors la vitalité d’un axe partant de la gare de Dakar qui n’a jamais été inaugurée. Quelle chance pour le Président Macky Sall d’être le premier chef d’Etat sénégalais à réparer un oubli historique, plus de cent ans après. Pas d’avenir pour le Sénégal sans train La nécessité de rénovation et d’extension de notre réseau ferré devrait être soutenue par tous les Sénégalais qui en seront les principaux bénéficiaires. Le transport à terme de 300 000 voyageurs par jour pour la seule ville de Dakar n’est pas négligeable pour le désengorgement de la capitale, la mobilité urbaine et interurbaine, et l’écologie aussi. Ce n’est qu’un début. Le projet est ambitieux. Il est structurant. Il ne s’arrêtera pas à Dakar. Ce train électrique à écartement standard ouvre des perspectives intéressantes pour notre avenir. Je reste convaincu que la densité d’un réseau ferré stratégique et la multiplication d’infrastructures ferroviaires de qualité et compétitives redonneront à notre pays un leadership sans équivoque. Osons faire le pari de l’avenir et posons les rails de notre émergence. Le TER est un début. L’ère du ferroviaire revient et elle débute bien. «On rate tout en ratant son train. Vraiment tout, vraiment tout, vraiment tout. Si en quai te laisse le train. Te laisse le train, te laisse le train » Sada Weindé NDIAYE, Ibrahima NIANG auteurs de «Demain par le train» paru en 2003. Ibrahima NIANG Ancien Directeur Général des Chemins de fer du Sénégal ]]>
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